Un stock abondant de grains

Daniel Deba, président du cooperatif de production des semences de Dosseye.Photo: LWF/C.Kastner

“Un fonctionnaire achète ce dont il a besoin au marché. Un agriculteur a tout ce qu’il lui faut à la maison. » Daniel Deba, président d’un groupe de producteur de semences nous cite un proverbe qu’il a appris de son père. Il n’aurait jamais pensé que cela le rattraperait aujourd’hui. Il y a 10 ans Deba laissait son travail de Professeur de Biologie en Centrafrique et fuyait au Tchad. Dans les dis dernières années, lui et sa famille de 14 ont construit une nouvelle vie sur le site de réfugiés de Dosseye.

Il n’est pas facile de trouver un endroit pour s’asseoir. Les fortes pluies ont laissé des petits lacs et des grandes marres sur le site, et ont transformé les champs en des marécages boueux. Tout autour, les gens labourent et plantent. « Nous aimons la terre comme ça, » nous dit Deba, « c’est la vie ! »

Deba est le président d’un groupe de producteurs de semences local, une entreprise agricole organisée et soutenue par la FLM Tchad. Il est aussi le bénéficiaire d’un micro crédit pour produire des graines sur 12 hectares de terre. Le groupe réuni plus de 100 producteurs qui, comme lui, produisent des graines. Ensemble ils stockent les grains jusqu’à ce que le moment soit propice pour les revendre.

Une approche plus professionnelle

La FLM Tchad a fourni au groupe des bœufs et des labours, un starter kit et un grenier. Maintenant le groupe à trois hangars and un stock de graines abondant. « Nous achetons les graines dans une ferme, on les multiplie et nous les revendons à un prix plus élevé. » dit Deba. Avec 35 types différents de semences, le groupe a développé un bon business dans la région. « Nous avons jusqu’à 98% de retour sur investissement sur le Sorgho, et 89 pourcent sur l’arachide, » nous annonce fièrement Deba. « La FLM nous a apporté une vision plus spécialisée, plus professionnelle. »

Le président sait de quoi il parle. Professeur de biologie, il était aussi le directeur de son école proche de la frontière tchadienne. Deba donnait des cours sur le bétail avant l’irruption du conflit qui l’a forcé à fuir sa maison, mais il a toujours cultivé un lopin de terre. « J’ai appris à cultiver grâce à mon père, et maintenant j’utilise son savoir »

Quand la milice a commencé à prendre les fonctionnaires pour cible, car ils étaient vu comme des agents du gouvernement que les rebelles voulaient renverser, Deba a dû partir. « Des hommes armés sont venus dans mon école et m’ont demandé où ils pouvaient trouver le directeur. Ils ne me connaissaient pas, donc j’ai prétendu être quelqu’un d’autre et j’ai fui » se rappelle-t-il. Sa femme a pris les enfants et est partie avec lui de l’autre côté de la frontière. C’était il y a dix ans. La famille n’a pas pu retourner au pays depuis.

Paix et éducation

Depuis lors les plus âgés des enfants de Deba se sont mariés, deux sont étudiants à l’université et deux ont eu leur baccalauréat et veulent commencer leur éducation supérieure. Sa plus jeune fille vient de commencer le collège : elle vit avec ses frères et sœurs plus âgés dans la ville de Gore pour aller dans une meilleure école que celle du site. Deba utilise l’argent de la production de semence pour l’éducation de ses enfants. « Il n’y a pas de bourses, et financer les études universitaires de nos enfants est difficile »

Lorsqu’on lui demande qu’elle est sa vision pour le futur, Deba est dubitatif. Il adorait son travail d’enseignant, mais il aime aussi son travail d’agriculteur et d’entrepreneur. Actuellement, ce sont les besoins de ses enfants qui sont les plus pressants : l’argent de la culture des semences est nécessaire pour financer leurs études. Malgré tout Deba espère une solution de long terme. Sa famille était parmi