Tchad : Déplacés par des conflits, frappés par la disette
Diba, Sud du Chad – Assise à même le sol, Belmi Mercy semble inquiète. Dans sa main gauche, elle tient une petite cuillère. Elle égratigne le sol avec de temps en temps. A cote d’elle, traine une marmite. Normalement, à cette heure de la journée, la marmite devrait être déjà posée sur le feu pour la cuisson. La jeune femme, âgée de 22 ans, est visiblement anxieuse. Il y a environ un mois, elle a été contrainte de fuir son village natal N’gaounday, en République centrafricaine, à cause des violences récurrentes entre groupes armées.
‘‘J’ai dû fuir plusieurs fois en brousse puis revenir quelques jours après’’ dit-elle, ‘‘mais cette fois, ils [les groupes armes] ont tué 9 personnes dans mon quartier. C’était la panique. J’ai frôlé la mort et j’ai décidé de partir’’.
Belmi a donc fui son village, avec ses deux fils, pour traverser la frontière. Elle sera accueillie dans le village de Mini au Tchad par l’équipe de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) sous la supervision de l’UNHCR et de la CNARR (commission nationale en charge des réfugiés). Belmi est hébergé et elle reçoit un repas chaud. Pour la première fois depuis des jours, elle a mangé à satiété avec ses enfants.
Quelques jours plus tard, Belmi et ses enfants sont transférés à Diba. Un village situé à plus de 40 km de la frontière, un endroit plus sûr. Là, avec l’appui de l’UNHCR, Belmi trouve un abri sous une tente en plastique. Elle reçoit aussi des nattes de couchage, des marmites et autres articles de premières nécessités.
Ration alimentaire réduite de moitié
Ces appuis soulagent quelque peu Belmi, mais elle a un autre souci : l’insuffisance de nourriture.
En effet, avec l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM), la FLM a distribué des vivres aux nouveaux réfugiés à Diba. Belmi a reçu une ration alimentaire. Mais, elle est insuffisante. ‘‘Chaque matin, je vais chercher quelques feuilles vertes en brousse avant de faire la cuisine’’ dit-elle ‘‘je mélange les feuilles avec le peu de farine de sorgho qu’il nous reste et je mange avec mes enfants’’.
Comme Belmi, plusieurs milliers de réfugiés font face à l’insuffisance de nourriture. Faute de financement, la ration alimentaire, accordée mensuellement aux réfugiés, a été réduite de moitié.
‘‘C’est la période de soudure actuellement dans plusieurs régions. La réduction de la ration alimentaire pourrait entrainer une augmentation du taux de malnutrition, particulièrement chez les enfants et les femmes enceintes’’ déclare Adamou Koumanda, le Représentant de la FLM au Tchad, ‘‘La FLM fait de son mieux pour répondre aux besoins des réfugiés et nous avons besoin de financement pour pouvoir continuer à le faire’’.
Au total, la FLM apporte actuellement de l’assistance à plus de 200 000 réfugiés et populations hôtes au Tchad grâce aux soutiens de : UNHCR, PAM, BPRM (USA), ActAlliance et Diakonie Katastrophenhilfe (DKH/BMZ).